Printemps 2020 – Review 2019

Lieu

En avril 2018, il y a deux ans déjà, nous avons pu emménager dans nos propres locaux à Katwijk (Noord-Brabant, Pays-Bas). L’étage supérieur de la maison était destiné à notre chef de projet Guillaume Misslin, et le salon, la cuisine, une pièce supplémentaire et le jardin étaient à la disposition du reste des employés et des volontaires. Cependant, le nombre de volontaires a augmenté si rapidement qu’en mars dernier, nous avons déménagé dans un endroit plus grand : l’ancienne station d’insémination artificielle au Dr Moonsweg 5 à Beers. Le nouveau propriétaire y a aménagé un bâtiment pour les entreprises, dont nous louons maintenant une partie.

Là où avant des vaches étaient inséminées artificiellement, c’est au tour des reines d’abeilles mellifères… le but du bâtiment n’a donc pas changé 😉. Dans ce nouvel emplacement, nous disposons de deux grands bureaux, d’une cuisine, d’une salle pour les archives, d’un laboratoire et d’un vaste entrepôt. Et bien sûr, un grand espace extérieur pour nos abeilles. C’est formidable d’avoir assez d’espace pour tous les projets portés par nos employés, nos bénévoles et nos étudiants !

Méthode

La méthode de sélection d’abeilles résistantes à varroa est adaptée chaque année en fonction de l’évolution des connaissances, même si elle est restée essentiellement la même.

Au début de la sélection, pour un nouveau groupe ou une nouvelle race, l’accent est mis sur l’utilisation de l’insémination à un seul mâle (SDI). Nous créons de petites colonies sans utiliser le mélange habituel de sperme de 8 à 10 faux-bourdons, mais le sperme d’un seul mâle par reine.

C’est une étape très importante. En utilisant un seul mâle, tous les ouvrières ont le même père et la même mère. Cela facilite grandement la sélection, car toutes les caractéristiques seront mises en évidence. Dès que la ruche est sur ses propres abeilles, des varroas sont ajoutés et deux semaines plus tard, le taux d’infestation du couvain et le rapport entre les varroas non reproducteurs et les reproducteurs sont déterminés. Ensuite, nous n’utilisons que les colonies présentant un faible niveau d’infestation et un pourcentage élevé de varroas non reproducteurs. Dans ces colonies, la plupart des varroas qui se reproduisent ont été éliminés par les abeilles – signe que les ouvrières (et donc aussi la reine) sont porteuses du trait d’hygiène sensible à varroa (VSH). Ce sont ces colonies qui sont utilisées pour les suivantes générations.

Alors qu’au début de la sélection, on utilise principalement ces colonies de reines inséminées à 1 mâle, dans la phase suivante, on utilise des colonies normales (de production) avec des reines inséminées avec 8-10 mâles. Avec ces grandes colonies (le deuxième groupe), il est plus facile de sélectionner pour d’autres caractéristiques importantes telles que la production de miel, la douceur et la tendance de l’essaimage. Dans ces colonies, la croissance des varroas est surveillée en déterminant les taux d’infestation sur les abeilles adultes. Les meilleures colonies sont utilisées comme base pour les reines de la génération suivante.

Le troisième groupe important de colonies dans le programme de sélection est celui des colonies (de production aussi) à mâles. Dans ces colonies, l’infestation des abeilles adultes est également déterminée après une saison de « production » (et évidemment sans traitement anti-Varroa). Les meilleures colonies, tant en termes de varroas que de production de miel, peuvent alors fournir les mâles au premier et au deuxième groupe susmentionnés pour la prochaine génération.

Programme d’élevage aux États-Unis

Hawaii, comme nous le savons, est non seulement une belle destination de vacances mais aussi un « paradis de Varroa ». L’acarien peut s’y propager toute l’année dans la ruche et les apiculteurs doivent traiter contre Varroa 4 fois par an.

Cependant, avec l’application du système avec les trois groupes de colonies, comme décrit ci-dessus, de beaux résultats ont été obtenus depuis 2015.

Nous avons maintenant atteint un niveau de résistance très élevé chez nos reines inséminées. Cela signifie que ce groupe n’a pas été traité depuis deux ans. Dans ces colonies, l’infestation des abeilles par les varroas reste en moyenne inférieure à 1 % pendant toute la saison.

Ces bons résultats nous permettent de poursuivre avec un programme d’élevage simplifié. Ce programme sera soutenu par l’USDA à Baton Rouge.

Cependant, comme en Europe, un effort plus important est maintenant nécessaire non seulement pour sécuriser les lignées existantes mais aussi pour rendre résistantes plusieurs autres lignées/sources/races. Nous avons donc créé une organisation sœur américaine d’Arista à Dallas, au Texas, pour soutenir la sélection et l’élevage d’abeilles résistantes à Varroa sur le continent des apiculteurs américains.

Programme d’élevage en Europe : Buckfast, Carnica et Abeille noire

Aux Pays-Bas, en Belgique, au Luxembourg, en Allemagne, en Autriche, en Suisse, en France, en Espagne et en Italie, un nombre croissant de colonies de Buckfast, de Carnica et d’Abeilles noires ont été infectées avec des varroas au cours des dernières années et leur degré de résistance a été évalué. On a principalement utilisé des mini-plus (petites ruches), dont la reine a été inséminée avec le sperme d’un mâle. La première année, en 2014, il y avait près de 100 colonies et l’année dernière plus de 800, réalisées par 119 apiculteurs.

262 de ces colonies étaient des « VSH élevés ». Un VSH élevé signifie que 75% ou plus des varroas reproducteurs / fertiles sont retirés du couvain de ouvrières. Un tiers de ces colonies « à VSH élevé » atteignait 100% de VSH. Cela signifie que dans ces colonies, même après avoir ajouté des varroas supplémentaires, aucun varroa ayant une progéniture ne peut être trouvé dans le couvain d’ouvrières. C’est une chose à laquelle il faut réfléchir un instant: Il est donc possible d’élever des abeilles qui retirent tousles varroas reproducteurs du couvain d’ouvrières.

Maintenant que nous avons atteint ce niveau avec les petites colonies, nous allons faire de plus en plus de colonies avec les 8-10 mâles habituels (MDI : Insémination Multi-Mâle) dans les années à venir. L’insémination artificielle restera la meilleure méthode pour maintenir autant de diversité que possible dans la population. On peut ainsi s’assurer d’utiliser autant de sources différentes que possible pour le matériel maternel comme paternel.

comme paternel. Comme décrit dans le paragraphe Méthode, il existe un troisième groupe très important pour la poursuite du programme d’élevage : ce sont les colonies à mâles fécondées naturellement qui peuvent servir à produire des mâles. Cette année, nous avons commencé à travailler avec un groupe d’apiculteurs professionnel d’Italie pour tester nos lignées pour la production de miel et la croissance des varroas. L’année dernière, ils ont pu élever des reines à partir de 16 lignées Buckfast (de NL, BE, LUX) et les faire féconder dans une station de fécondation isolée VSH. Ces reines ont été introduites dans des colonies de production pour produire du miel. Des meilleures colonies, si tout va bien avec la Corona, nous collecterons du sperme le mois prochain en Italie pour faire la prochaine génération de reines reproductrices aux Pays-Bas, en Belgique et au Luxembourg.

Pour la distribution de matériel génétique de pure race à de grands groupes d’apiculteurs, les stations de fécondation sur les îles fonctionnent le mieux. Des dispositions ont été prises à cet effet avec la station de fécondation d’Ameland. Ameland a récemment reçu de notre part des reines très résistantes (élevées en Belgique) et les transformera en mâles (c’est-à-dire des reines-filles pour produire des mâles) qui pourront ensuite être utilisées par les participants du programme Arista l’année prochaine. Ces apiculteurs pourront ensuite faire accoupler leurs reines sur l’île.

Mais nous n’en sommes pas encore là. Nous devrons intégrer une partie encore plus importante de nos stocks de Buckfast, de Carnica et d’abeilles noires dans le programme d’élevage. En fait, nous avons livré une belle preuve par application montrant que la méthodologie donne des résultats. Grâce à cette méthode éprouvée, nous pouvons maintenant reprendre et exécuter la sélection avec beaucoup plus d’apiculteurs. Cela nécessite davantage de coordinateurs de projet aux Pays-Bas ainsi que dans les autres pays européens et aux États-Unis. Afin de permettre à des groupes d’apiculteurs plus importants de participer, nous avons mis en place un programme complet de formation et d’éducation : « Arista Academy ».

Afin de réaliser ces investissements dans la formation et les coordinateurs de projet, nous avons besoin d’un soutien financier. Pour y parvenir, nous avons lancé notre nouveau programme de parrainage : le « Arista Cloud » (Nuage Arista) – destiné aux entreprises, aux organismes gouvernementaux et aux municipalités. Dans le cadre de ce programme, les parrains recevront une ruche spéciale avec une reine résistante et un système de monitoring. Nous espérons que le plus grand nombre possible de partie prenantes voudront adopter une ruche Arista Cloud de chez nous!

Projet de marqueurs génétiques

Projet de marqueur génétique Dans le projet de marqueurs génétiques, l’enthousiasme grandit. Nous avons réussi à collecter des échantillons d’abeilles à partir d’un grand nombre de colonies de VSH très basses et très hautes.

L’université des sciences appliquées d’Inholland a déjà isolé l’ADN de la moitié des échantillons et nous sommes maintenant dans la file d’attente pour la détermination du génome entier (sous-traitée à un laboratoire spécialisé). Après cela, Bejo Seeds et Inholland pourront utiliser un logiciel informatique pour rechercher les différences entre les colonies de VSH basses et hautes ! Et donc chercher des parties d’ADN qui peuvent prédire la présence ou non de VSH…


Avec l’université Van Hall Larenstein, nous avons également réussi à réaliser un grand nombre d’enregistrements vidéo infrarouges de cadres infectés dans des colonies bassement, moyennement et hautement VSH. Pour la première fois, nous sommes en mesure de « regarder » ce qui se passe réellement dans les colonies à large échelle. Van Hall Larenstein travaille actuellement sur les premières analyses de cette masse de données visuelles. A suivre !

Publication d’un article de synthèse scientifique

Jacques van Alphen et BartJan Fernhout ont rédigé un article de synthèse sur le développement de la résistance de Varroa chez les abeilles : « Natural selection, selective breeding, and the evolution of resistance of honeybees (Apis mellifera) against Varroa ». Cet article a été publié eau mois de Juin dans Zoological Letters!

L’article peut être consulté via le lien suivant : https://doi.org/10.1186/s40851-020-00158-4. Dans cet article, nous discutons du développement naturel de la résistance à varroa dans certaines régions (comme l’Afrique) et de la nécessité de programmes de sélection en Europe et en Amérique.

Merci

La croissance de ces dernières années n’a été possible que grâce aux contributions et aux efforts des donateurs et des nombreux apiculteurs des différents pays. Nous tenons à remercier tout le monde pour leur soutien et nous continuons à nous concentrer sur notre objectif ultime : des abeilles résistantes aux varroas pour tous les apiculteurs du monde entier !